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lundi 30 janvier 2012

Grève à l'université


Les étudiants, qualifiés de l'ancien système (Post-graduation et ingéniorat), ont entamé  une grève à l'université et ont fermé ses portes et celles des facultés, à la suite de la promulgation d'un décret présidentiel (10-315) fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires, établissant par conséquence  de nouvelles équivalences entre les anciens et nouveaux diplômes, e.g, magister/master et ingéniorat/master1. Revoyons ci-dessous les définitions des différents degrés et diplômes en vue d'évaluer la justesse des revendications des nos étudiants.
Pour l'histoire, je puis rappeler qu'au moment de discuter le système LMD au CSU entre 2004 et 2007, j'ai relevé le fait que ce système étant par essence anglo-saxon, on ne saurait s'inspirer de ce qui se fait loin de sa source, si on veut éviter toute singularité.
I-  Commençons par le grade de master. En effet, le master en vérité englobe une multitude de diplômes tous appelés master, mais de valeurs distinctes. D'où la nécessité de lever toute dégénérescence. Tout d'abord, il convient de noter impérativement la différence entre le master OFscience (Msc) et le master IN science (Msci) offert par certaines universités du Royaume-Uni, lequel est un diplôme plus récent etinférieur par rapport au premier car n'étant pas un diplôme de post-graduation (mais undergraduate).
II- Le master of science est un diplôme de PG sanctionnant un travail de deux années au-delà du bachelor of science (Bsc, 3 années). Il est considéré équivalent au Laurea Magistrale (2 ans) qui fait suite au Laurea Trienale (3 ans) en Italie, à l'ancienne licence suisse, alors qu'en Slovénie il est l'équivalent de tout diplôme de 4 années conjugué à une thèse soutenue.
III- Entre le doctorat de philosophie (PhD) ou doctorat et le master, nous avons le master de philosophie (M.Phil). Il peut-être décerné après plusieurs années de recherche, mais avant de défendre la thèse de doctorat. Cette situation est appelée A.B.D (all but dissertation). A l'université d'oxford, le M.Phil. nécessite une (longue) thèse et plus d'examens qu'un Msc. C'est un diplôme plus prestigieux. Il existe cependant une version plus structurée du M.Phil., qu'est le master of research (M.Res.).
IV-  N'omettons pas de citer le master of  technology (Mtech.), un master pour "ingénieurs" nécessitant au préalable un Bachelor of technology (Btech,4 années).
V-  De surcroit, dans certains pays et notamment selon les anciens systèmes, il y a le magister, un grade de post-graduation. En Algérie, et dans les facultés des sciences, l'admission au programme du magister se fait sur concours. Une année théorique est entamée, i.e, une année de cours et d'évaluation. A la sixième année le candidat commence son travail de thèse, lequel travail dure au minimum deux années (en général 5 ans pour l'ancien magister) pour être sanctionné par une publication au minimum et une soutenance publique.
En Allemagne, le diplôme ou grade de magister nécessite plus de temps qu'un master aux USA. Le master défini par le processus de Bologne peut être considéré l'équivalent du premier diplôme allemand: le Diplom de 5 ans.
En Argentine, le magister avec sa thèse -selon la documentation disponible- est généralement l'équivalent du PhD des universités nord-américaines, selon les règles de comparaison du processus de Bologne.
Au Danemark et en Norvège le magister se situait entre le diplôme de candidate (6 ans) et le doctorat. Le candidate étant lui-même un diplôme supérieur au master. Il est établi -selon la documentation- que le magister norvégien est un grade demandant une thèse de bonne qualité (d'une durée de 3 années) et est donc approximativement l'équivalent du PhD. Alors que leur doctorat pourrait être comparé au Dsc (doctor of science) du common wealth.
En Serbie ainsi que dans les autres territoires yougoslaves, le premier degré, à savoir, le Diploma (4 à 5 ans) est déclaré équivalent au master. Alors que le magister est équivalent aux deux premières années des trois années requises pour un doctorat.
VI- En ce qui concerne le grade d'ingénieur, ses détenteurs peuvent légalement en France, prétendre au grade de master. Ce grade ne peut en aucun  cas être l'équivalent du M1, eu égard aussi au fait que le volume horaire en LMD reste inférieur -car ainsi conçu- à celui du système ancien.
Pour conclure, on peut déclarer à la lumière de ce qui précède, qu'un ingéniorat qui nécessite cinq années de cours et un projet sur le terrain (parfois 6 ans pour les géologues) ne peut être considéré équivalent au M1 qui représente 4 années de cours avec un volume horaire réduit. En outre, le magister, tel que je le connais à la faculté de physique de l'USTHB,  ne peut en aucun cas être considéré équivalent au master qui nécessite 5 années en plus de 12 années d'école (17 ans au total), dans la mesure où la durée requise pour se voir décerner le grade de magister est de 7 années (au minimum) au-delà des 13 années de l'école (20 ans au total). De même et tenant compte du processus de Bologne, le DEA français peut-être considéré équivalent au M.Phil., alors qu'en Algérie ce DEA est équivalent à l'année théorique du magister (Mag1), il est admis de penser pour que l'administration reste cohérente, qu'il faille  considérer le  magister équivalent au minimum au M.Phil., un diplôme démontré supérieur au master (of science). Cependant, et eu égard aux publications en particulier, il serait juste de déclarer le magister l'équivalent du doctorat actuel, lequel nécessite -selon les textes- une seule publication (01). Certains de nos étudiants ont présenté des thèses de magister avec plusieurs publications, alors que les thèses à une seule publication sont presqu'un événement banal.
La dévalorisation des diplômes est une distorsion condamnable de l'échelle des valeurs et un signal à ne pas envoyer au gens qui veulent travailler. De surcroit, la dévalorisation des diplômes conjuguée à la destruction de l'enseignement technique, lequel était un creuset de l'élite, sans réaction aucune des autorités, donnent lieu à beaucoup d'interrogations. Qu'est ce qu'on veut de cette nation? Ou serait-ce simplement de l'incompétence?  Dans ce cas il est aisé d'agir, car il suffit de favoriser la concertation avec les gens du domaine, d'autant plus que ces questions restent du domaine rigoureux de la science qui n'autorise aucun égarement.
Le MESRS se trouve face à un dilemme: accepter le décret constitue une injustice, alors que son abrogation sera l'expression de la faiblesse des décideurs.

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