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lundi 30 janvier 2012

Propositions2004


Rachid ANNOU,  Magister, PhD.                                                                    USTHB, 01-09-2004
Faculté de Physique, USTHB.

A,
Monsieur le Doyen
de la Faculté de Physique.


Objet : Propositions.


Monsieur,

            Je me permets ci-après de vous exposer quelques propositions dans le but de contribuer à une dynamique d’ensemble à même de relever le niveau de notre contribution au savoir universel. En effet, durant les quelques années précédentes où il m’a été donné d’introduire et de promouvoir une nouvelle discipline (dusty plasmas) au sein du groupe de la physique théorique des plasmas, nous avons acquis une expérience à travers laquelle apparaissent quelques éléments jugés importants et nécessaires pour mener à bien un travail de recherche de niveau acceptable. Les thèses et la multitude d’articles publiés dans le domaine, sont  l’expression de cette expérience.

            En effet, il m’apparaît que le préalable à une bonne contribution scientifique est le tripode suivant :

  • Une bonne sélection d’étudiants.
  • Une bonne formation.
  • Une bonne recherche.

Il est de notoriété publique, que la physique est une discipline relativement difficile, nécessitant des facultés de la part du physicien, telles que:

  1. cognitive, pour appréhender l’analyse, la synthèse et le jugement,
  2. affective, pour acquérir des valeurs et des attitudes appropriées,
  3. psychomotrice, relative à la dextérité.

On pourrait se permettre d’exprimer une idée simple mais qui peut s’avérer pleine de bon sens, en déclarant que la physique est le métier d’Einstein, de Landau, de de Broglie et de bien d’autres personnages qui ont modifié notre vision du monde. Mais alors ma première proposition est la suivante :

            I.         Sélection rigoureuse et efficace des étudiants devants suivre le programme des sciences exactes.

En effet, on n’a pas le droit d’accepter des étudiants dont la moyenne est faible, et parfois même, il s’agit d’étudiants qui n’ont jamais suivi de cours de physique (e.g, bac gestion..). Souvent, ce déphasage ôte aux étudiants toute envie de travailler. Si l’on ne change pas l’état des choses, on arrivera au point de non-retour, où il n’y aura guère de relève. Je pense que ceci constituera alors un problème de sécurité nationale. Nous ne pouvons pas décemment assurer nos cours de SEP200 et ne pas se préoccuper de cette situation. D’ailleurs, il s ‘avère qu’il n’y a plus ou presque plus d’étudiants désirants embrasser une carrière de physicien. Il est vrai qu’avec de l’entraînement, on peut rehausser le niveau des étudiants, même s’ils sont jugés faibles. Encore faudrait-il les motiver, et pour ce faire l’apport des psychologues est fortement souhaité. Je me suis livré à des expérimentations, par exemple, en adoptant les quizzs (interrogations surprises de 5 mn), et les résultats sont agréablement passés de 00/20 pour l’ensemble pour la première expérience à 20/20 pour 60% de l’ensemble pour la seconde. Ils étaient à ce moment là en alerte; je crois même avoir perçu une lueur d’intérêt réel dans leurs yeux, mais sans s’inscrire dans la durée. Nous leurs avons appris des techniques pour acquérir les connaissances et les mémoriser, malheureusement, des lors qu'ils ne sont pas motivés, ces efforts restent vains. Je me dois de signaler en outre, que l’entraînement entraîne l’ensemble vers le haut, sans faire apparaître de pics, en l’occurrence, l’élite. Par ailleurs, beaucoup de travail demeure nécessaire en amont.

A cet effet, voici la seconde proposition :

            II.        Nous devons adopter une politique agressive de promotion de la physique, dans les journaux, la radio, la télévision, l’Internet, etc., afin d’attirer les meilleurs vers notre discipline.

Les journées pédagogiques peuvent être le premier pas dans ce sens, mais elles se situent manifestement sous la barre de nos espérances.

            Maintenant que les étudiants sont admis chez nous, ils doivent suivre une formation orientée selon les besoins de l’humanité et les besoins de la nation en particulier. Ce qui doit inférer un caractère versatile aux cours professés. D’où les propositions suivantes :

            III.      Etablissement d’un comité pour réviser les cours cycliquement. Par exemple, chaque trois années (durée d’une licence).

            IV.      Utilisation des moyens audio-visuels de l’USTHB, comme support pédagogique supplémentaire.

            V.        Adopter une conférence par semaine dans l’auditorium, et qui serait donnée par un enseignant expérimenté.

            VI.      Instaurer des olympiades où les étudiants de différentes universités, rentreront en compétition entre eux. La compétition génère l’élite.

Quant à la formation post-graduée, il est proposé ce qui suit :

            VII.     Instaurer un système d’enseignement de telle sorte qu’il y ait un panier de cours (modules) et chaque post-graduant recevra de son éventuel superviseur, instruction de suivre certains cours requis.

Exemple : supposons que je veuille superviser le travail d’un étudiant en physique des plasmas, je lui imposerai de suivre quelques cours tels que : physique des plasmas (au département de physique théorique), physique des lasers (au département  de rayonnements), traitement du signal et couches minces (au département matériaux et composants). Ainsi, un seul enseignant correspondra à des étudiants appartenants à plusieurs départements. On élimine ainsi la multiplicité, et on libère les potentialités des gens.

            VIII.   Notre faculté recèle un trésor caché que nous devons déterrer. A juste titre,  nous avons constaté le niveau bas de nos étudiants actuels, et nous pensons que cette carence peut-être comblée (à une certaine limite) par nos collègues qui ont tout donné pour la communauté, et pourtant pour des raisons multiples ont stagné au niveau du DES. Combien même, certains ont eu leur année théorique. Nous devons les revitaliser et leur imposer de préparer une thèse de Magister.

            IX.      Une autre catégorie de collègues doit être aussi prise en charge. En effet, beaucoup de nos collègues ont entamé une thèse d’état, sans jamais avoir réussi à l’achever. La faculté est tenue de tout mettre en œuvre pour les aider à obtenir le grade de docteur, pour le pays, pour nous, pour eux et pour leurs enfants. La faculté doit rester en quête permanente, agressive et efficace de bourses d’études non-utilisées faute de candidats, et qui sont offertes par toutes les ambassades (e.g. Japon, Inde..) et les institutions internationales (e.g. UNESCO..). J’ai eu en effet l’opportunité de rencontrer des étudiants d’Egypte, de Jordanie, d’Irak et du Yémen, dont les noms sont mis sur une liste, et quand le moment viendra, ils sont sûrs de bénéficier d’une bourse d’étude. Nos collègues peuvent consentir des sacrifices pour améliorer leur niveau scientifique, autant les soutenir dans cette entreprise.

            Dans le but de prodiguer du savoir, un enseignant doit traiter avec une trilogie auto-référente, à savoir, les objectifs, l’enseignement et l’examen. La UGC (University Grants Commission of India) déclara :
‘’ Les objectifs éducationnels, les méthodes d’enseignement et les procédures d’évaluation sont si reliés qu’on ne peut changer l’un sans affecter les autres...’’

            Mais alors, après la formation vient l’évaluation.

            X.        A cet effet, nous devons changer de système d’évaluation, c’est à dire, une réflexion doit être lancée pour nous mettre en accord de phase avec ce qui se fait dans le monde. Les méthodes traditionnelles doivent être revues.

Il a été rapporté par certains spécialistes, que 90 photocopies de la même copie de réponse à un examen, ont été distribuées sur 90 correcteurs expérimentés, les notes ont varié de 22/100 à 76/100. En outre, H.J.Taylor physicien et recteur de l’université de Gauwahati a déclaré que 25% de ceux déclarés avoir échoué, ont échoué en vérité à cause d’une erreur de l’examinateur. J’ai moi-même eu la note de 11/20 au TP2 du SEP 200 alors que j’ai fait un sans faute. L’enseignant  a été honnête et m’a remis dans mes droits en me recorrigeant  la copie, pour qu’en fin un 19/20 me soit attribué. Il a quand même refusé de rajouter le vingtième point !
Des expériences ont été menées de part le monde, qui prouvent que les systèmes traditionnels ne sont pas fiables. Les exemples suivants de personnes qui ont échoué aux examens, et pourtant ont influencé l’histoire, sont à même de nous convaincre des déclarations sus-faites : Einstein, Keynes qui obtint la note la plus basse en économie, Mendel qui échoua  en biologie et à propos de qui l’examinateur déclara ‘’ manque de pénétration et de clarté...’’, Oliver Smith le poète irlandais et romancier était le dernier de la classe, James Watt, Newton, etc.

            XI.      De surcroît, il faut améliorer le système d’évaluation des thèses en général et des thèses d’état en particulier. Je propose que le superviseur propose deux groupes d’examinateurs dont les 2/3 sont des spécialistes internationaux dans le domaine, et il revient au CSF de choisir l’un des deux. On ne peut pas continuer de recourir aux jurys composés de non-spécialistes. Etre exigeant, donnera encore plus de valeur et de crédibilité aux travaux entrepris dans notre faculté.

            Après la sélection et la formation, vient la recherche. Et pour ce faire, je pense qu’un certain nombre d’actions pourrait être entrepris.

            XII.     Instaurer des mécanismes pour motiver nos chercheurs. Peut-être un prix ou une médaille qui porteraient le nom d'un savant algérien. Par exemple, on récompense toute une vie de travail. Ou alors lorsqu’un de nos jeunes physiciens atteint la vingtaine de publications internationales.

            XIII.   Accorder à chaque laboratoire des points lorsqu’ un de ses membres publie un travail. Ces points pourraient être convertis en aide financière supplémentaire à ce laboratoire, en plus de son budget.

XIV.   Instaurer le système des rapports de la faculté de physique.

En effet, il m’a été donné au début de l’an 2000, de proposer au CSF deux séries, viz., Physics Institute Lectures et Physics Institute Reports, avec les numéros zéros, portant sur la mesure en physique pour le cours, et sur une reformulation de la théorie de Maxwell pour le rapport. Cela n’a jamais aboutit. Je récidive ma proposition pour les raisons suivantes :

  • Un rapport inventorié et classé au niveau de la bibliothèque, est une voie vers la constitution d’un potentiel documentaire propre à la faculté.
  • De surcroît, réserver une référence à un rapport, qui est somme toute la quintessence d’un travail de recherche ou de pédagogie, constitue une protection de la paternité des idées originales. Nous savons que le monde de la publication est loin d’être angélique.

Ce rapport doit pouvoir être comptabilisé dans le CV.

            XV.     La documentation acquise au nom de la faculté devrait être remise à la bibliothèque, e.g., Proceedings des conférences...

            XVI.   Etablir une revue scientifique.

            XVII.  Au vu des moyens dont dispose l’USTHB, on est en droit de demander que soit mise sur pieds une ‘’entreprise’’ d’édition  (USTHB Scientific Press). L’USTHB a toutes les potentialités pour que cette entreprise prenne une dimension internationale.

            XVIII.            Se fédérer autour de projets moteurs.

Un exemple intéressant serait de bâtir une station Lidar (light detection and ranging), c’est l’équivalent du radar. La lumière rétrodiffusée par les nuages et l’atmosphère en général, est recueillie et une carte 3D de la composition du milieu peut-être obtenue. La nature des aérosols, à savoir, liquide ou solide peut-être aussi déterminée. On peut accéder avec le Lidar à la densité numérique, la valeur moyenne du rayon des particules et l’indice de réfraction.

            XIX.   Il est impératif et inexorable en vérité, d’interagir avec le monde extérieur. A travers les conférences, les workshops, les stages et l’invitation de physiciens de renommée, pour visiter notre faculté. Ces invités devraient être pris en charge. Malheureusement, faute de budget, beaucoup de physiciens ne pourront  pas être pris en charge alors que dans certains cas, l’on est tenu de se rabattre sur des hôtels très coûteux. La plus simple solution est de bâtir à l’intérieur de l’USTHB, une maison d’hôtes pour enseignants et chercheurs (faculty guest house).En fait, cette maison pourrait avoir au minimum six chambres. En outre, on n'est pas tenu de la construire : un chalet décent serait la meilleure solution. Il me semble qu’une telle entreprise pourrait être sponsorisée. Nous pourrons alors accueillir nos partenaires étrangers à l’intérieur de l’enceinte universitaire.


            Recevez Monsieur, mes salutations les plus distinguées.



Copie au recteur
Copie au vice-recteur

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