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lundi 30 janvier 2012

LA CRISE FINANCIERE


Supposons qu'un individu possède une voiture qui coûte 100 000 DA, et a besoin dans l'immédiat d'un prêt de 100 000 DA. Il s'adresse à quelqu'un qui accepte de bien vouloir lui prêter cette somme d'argent, avec la condition que cette dernière soit rendue avec un supplément de 10 000 DA. Afin de sécuriser ce prêt, la voiture reste avec le prêteur (créancier), i.e., dans le cas où notre homme est incapable de rembourser sa dette augmentée de son service, il perd sa voiture.  Cependant, supposons que dans le futur la valeur de la voiture chute au point de valoir 50 000 DA, et qu'en outre, l'emprunteur soit désormais incapable de rembourser sa dette, notre prêteur par conséquent, prendra la voiture qui ne vaudra alors que la moitié de sa valeur initiale. Ainsi, au lieu de gagner 10 000 DA, le prêteur perd 50 000 DA. Pour se rendre compte de l'étendue et de la gravité de la situation, supposons maintenant que la voiture ne soit autre qu'une maison et que le processus implique des milliers de personnes. Mais alors, les banques qui sont dans ce cas là les prêteurs, vont s'effondrer et entrainer avec elles tout le monde.
D'une manière plus rigoureuse, la crise financière trouve ses racines dans quatre causes majeures, à savoir, i/ la politique monétaire, ii/ la prospérité dans le secteur de l'immobilier, iii/ les nouvelles règles du secteur bancaire, et iv/ les nouveaux instruments financiers.
En effet, en réponse à la bulle DotCom qui a éclaté en 2001, entrainant l'effondrement des actions des compagnies d'internet et suivie par les événements du 11 septembre, la FED (banque centrale américaine) a réduit le taux d'intérêt de 6.5 % à 1% (ce taux de 1% est le taux le plus bas depuis 1958). A posteriori, les spécialistes ont estimé que cette politique adopté par Greenspan gouverneur de la FED pour éviter une déflation, n'était pas nécessaire.
Le taux d'intérêt très bas, a suscité une embellie du marché du logement, dans la mesure où un taux d'intérêt bas favorise la consommation et en particulier dans l'immobilier. Avec la hausse des prix de l'immobilier, les compagnies d'hypothèques ont revu les critères du prêt à la baisse en misant sur le "housing boom". Les institutions financières ont accordé des prêts à certaines personnes considérées comme inéligibles dans d'autres circonstances, en l'occurrence, des personnes à revenus bas, e.g, immigrants; on les appelle les emprunteurs "subprime" ou de seconde espèce. Les institutions financières ont proposé à ces derniers, des taux à amorçage très bas pour une année ou deux, pour croitre ensuite en fonction du temps: c'est ce que l'on appelle prêt à taux ajustable (ARM: adjustable rate mortgages). En 2006, 25% des prêts étaient du type subprime. Cependant, ceci n'inquiétait pas outre mesure les courtiers, car ils s'intéressaient plutôt aux commissions. D'ailleurs, le bonus est la performance sont liés.
Quoiqu'il en soit, ces institutions ont bien trouvé le moyen de se prémunir des risques éventuels, en transférant le droit de recouvrement des prêts ainsi que le risque sous-jacent, à un troisième opérateur. A leur tour, les troisièmes intervenants dans la chaine - où à chaque étape des profits sont collectés - prennent ces valeurs et les refaçonnent sous forme de garanties des prêts immobiliers (MBS: mortgage backed securities) et d'obligations de dettes (CDO: collateralized debt obligations). En fait, c'est le marché de ces documents commerciaux d'une valeur approximative de 1.17 trillion de dollars, qui est au centre de l'actuelle crise financière.
Plusieurs compagnies jugées sérieuses ont acheté ces MBS et CDO, telles que, Bear Sterns, Lehmann Bros, Fannie Mae, Freddie Mac et Morgan Stanley, ce qui a permis à des agences comme Moody's et Standard & Poor's de leur attribuer la note AAA sur l'échelle d'évaluation de sûreté. Au-delà de toutes ces institutions, se situe les compagnies d'assurances, à l'instar d'AIG qui intervient lors des défauts de payement. Les lettres délivrées par ces compagnies d'assurances (CDS: credit default swaps) représentent un marché de 62 trillion de dollars. Pour se donner une idée de cette somme d'argent, supposez hypothétiquement que quelqu'un mette dans votre main un billet de 100 $ (~9000 DA) par seconde, ainsi pour vous remettre toute la somme sus-citée, il lui faudrait une durée de 19 647 années !!!
Malheureusement en 2006, le taux d'intérêt a augmenté jusqu'à la valeur de 4%, mettant les emprunteurs "subprime" dans l'incapacité de respecter leurs engagements. Par ailleurs, l'offre de l'immobilier est accentuée par les nouvelles constructions, ce qui se traduit par une baisse de la valeur de l'immobilier, et par conséquent, les MBS perdent de leur attrait et donc de leurs valeurs. Les compagnies en possession des MBS, se retrouvent dans une situation difficile, telle que, Bear Sterns la première à s'effondrer (elle fut rachetée par J.P.Morgan à une valeur de 29 Md $). Quant à AIG, elle est sollicitée par tout le monde et subit alors d'énormes pertes, mais est privilégiée pour une aide car elle impliquerait plusieurs acteurs internationaux.

En d'autres termes, à partir de produits réels d'une valeur donn
ée, des produits fictifs dénommés titres, de valeur supérieure, ont été émis et déclarés très sûrs par des agences d'évaluation, ensuite vendus aux investisseurs. Certains pensent que c'est le plus grand transfert de richesses du pauvre vers le riche, des temps modernes.
La conséquence directe de cet effondrement est la perte de confiance, dans la mesure où les banques qui ont perdu de l'argent sont réticentes à en prêter. De surcroît, pour des besoins de liquidité les banques vendent leurs actifs, réduisant ainsi les prix de ces derniers, ce qui donne lieu à une crise de liquidité et par voie de conséquence, l'amplification des difficultés des banques sus-citées. Les gens vendent alors leurs actions détenues dans les banques. Les investisseurs et les consommateurs perdent confiance, et la banque éprouve de plus en plus de difficultés à obtenir des fonds sur les marchés financiers. L'effet sur le marché de l'immobilier à ce moment, est trivial. Mais alors, on n'est plus dans l'économie virtuelle, on est en plein dans l'économie réelle,…en déclin. Les investissements et la consommation chutent entrainant la récession et le chômage; une récession qu'on craint pour 2010/2011, une datte remarquable dès lors qu'elle correspond au début d'un nouveau cycle de Kondratieff (Inflation-désinflation-déflation).
En conclusion, toute cette débâcle est due à la cupidité et à l'appât du gain facile (get-rich-quick) dans un environnement dépourvu de morale (et c'est aussi l'avis des spécialistes!), selon un modèle basé sur l'usure. D'ailleurs, la solution a été adoptée: on cautionne les institutions qui ont été à l'origine même de la crise. Heureusement, il y aurait un courant au sein des institutions financières qui milite pour moraliser les activités dans le secteur financier; le bon sens prévaut toujours.
En ce qui nous concerne, nous nous rendons compte impuissant, que notre richesse est gérée par des institutions internationales, dirigés par ceux qui maitrisent les lois et règles qu'ils ont eux-mêmes établi. Nous devons nous rappeler l'effondrement de certains pays d'asie durant la neuvième décennie du vingtième siècle. Nos spécialistes devraient nous construire des modèles plus justes et sur lesquels déteind la morale. Il est impératif de préserver les richesses du peuple. Entre une économie de marché effrénée, et celle basée sur le refus catégorique de la propriété privée, il y a un point critique à déterminer par les spécialistes, qui ne saurait être en deçà de 60%. Le barycentre devrait toujours se trouver du côté du secteur public; l'intervention de l'état doit être plus prononcée, en particulier, dans les secteurs stratégiques. A juste titre, les pays capitalistes sont en train de nationaliser leurs institutions financières (sinon ce serait quoi le bail-out?). Le but est de préserver le peuple et la culture qu'il véhicule, et non pas une vision figée que des hommes peuvent avoir à un moment ou un autre.

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